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Dans les ruelles tortueuses de la cité intérieure du Transporteur n°5, un couple progressait rapidement, empruntant les corridors, changeant fréquemment de niveaux, préférant les voies étroites et sombres aux rues pleines de lumiÚre.
Phil suivait Adénor, le coeur battant.
Ils avaient laissĂ© K.O. plusieurs hommes de main de la communautĂ© Nordiste, sans dâailleurs que Phil nâai eu grand chose Ă faire: Ă peine lâavaient-ils apostrophĂ© quâAdĂ©nor avait surgit du ciel tel un ange exterminateur.
Profitant de leur Ă©chappĂ©e, Phil dĂ©taillait les transformations que sâĂ©tait imposĂ©e sa compagne durant sa fuite.. Elle portait une Ă©trange tenue, faite de gros tissus amples et sales, et ses cheveux blonds nâĂ©taient plus.. Sa maniĂšre de marcher elle-mĂȘme avait Ă©voluĂ©e, on dirait presque une petite Mamie ! Elle semblait cependant savoir oĂč elle allait, et dâun coup dâoeil elle avait enjoint son compagnon Ă la suivre, ce quâil nâavait pas hĂ©sitĂ© Ă faire!
Un angle mort..
AdĂ©nor stoppa et se retournant, elle serra Phil dans ses bras. Les deux amoureux sâenlacĂšrent et sâembrassĂšrent dans une obscuritĂ© protĂ©geant, relativement, leur tranquillitĂ©.
âAdĂ©nor.. Je..â
Elle lui plaça doucement son doigt sur la bouche, intimant une nĂ©gation de la tĂȘte..
Oui, il fallait malgré tout rester encore silencieux..
Des yeux elle lui indiqua une direction: il faudrait encore parcourir un peu de chemin semblait-il. Un dernier baiser chaste et ils repartirent.
Une demi-heure plus tard, Phil pĂ©nĂ©tra Ă la suite dâAdĂ©nor dans un container semblant un peu abandonnĂ©. Doucement, jetant un dernier coup dâoeil dans la rue, elle fit rouler la porte sur ses gongs et pressa lâinterrupteur de lumiĂšre.
LâintĂ©rieur Ă©tait empli de toutes sortes dâarmes Ă feu et dâarmes de poing, de munitions, et mĂȘme au fond quelques gros calibres pour des canons!
Ils se trouvaient dans une armurerie clandestine, en pleine citĂ© intĂ©rieure dâun Transporteur !!!
La lumiĂšre sâĂ©teignit alors, et Phil dĂ» remettre Ă plus tard ses investigations: la gĂ©nĂ©reuse poitrine dâAdĂ©nor se pressait dĂ©jĂ contre lui pour des retrouvailles bien plus intimes..
Benkana fulminait.
Assise sur un siĂšge autour de la grande table dressĂ©e pour lâoccasion par la communautĂ© Tropicalienne, elle gardait les bras croisĂ©s et le visage fermĂ©.
Un peu en avance sur son rĂŽle dâobservatrice impartiale (elle Ă©tait censĂ© servir de gouvernail au Commandant pour lui Ă©viter de dĂ©raper, emportĂ©e par sa lĂ©gitime colĂšre), la Princesse Azala discutait Ăąprement avec un gros homme noir assit devant elle.
âMonsieur Amumbâo, votre communautĂ©, quoique fort sympathique et accueillante, cache certainement quelques secrets inavouables.. Devons-nous tout vĂ©rifier par nous mĂȘme.?
–Mais allons Mâdame, nous sommes tous des amis! Nous nâavons âien Ă dissimuler, et suâtout pas aux yeux des autoâitĂ©s de ce Tronspoâteuâ !!â
Le gros homme se tenait fier et affalĂ© sur son siĂšge, en tenue traditionnelle de chef de tribu mais lorgnant plusieurs petit pads posĂ© sur sa table, sur lesquels glissaient des amas de chiffres tel lâeau ruisselant sur un vitrail multicolore. Il releva alors les yeux et secoua ses bas-joues dans une mimique de colĂšre tandis que ses collaborateurs gardaient leurs visages impassibles.
âMâdame! Je compâend bien que vous nous accuser de choses illĂ©gales! Il ne sauâait y avoiâ sur ce Tronspoâteuâ de peuple plus fidĂšle Ă lâExĂŽde que nous! Nous avons combattu avec la âĂ©volution Castiks tout autant que Mme Benkana!â Plaquant sa main droite sur le coeur et se penchant vers la Princesse il ajouta dâune voix tremblante dâĂ©motion..
âVos accusation me font mal Mâdame!!â
Benkana se frotta les yeux doucement, rĂ©primant une furieuse envie de mettre toute cette zone sous Loi Martiale. Ces comĂ©diens de tropicaliens Ă©taient connus pour leur marchĂ© noir et leurs pratiques occultes. Si lâAgent 12 avait voulu se cacher quelque part, câaurait Ă©tĂ© un bon endroit..
Mais tenter de le leur faire avouer, câĂ©tait une utopie dâAzala.. Aucune chance..
La Princesse se pencha Ă son tour et parla doucement et distinctement, le visage Ă quelques centimĂštres de celui de son interlocuteur: elle voulait quâil soit enveloppĂ© de son parfum et ressente son souffle de Princesse Royale sur ses grosses lĂšvres luisantes.
âDe part le serment dâallĂ©geance aux populations de MaterOne de votre Ancien Roi MâAmgur, et au nom de Vogoâ et Tamoâ, jurez-moi que vous ne savez rien qui puisse nous aider Ă retrouver lâAgent12..â
Le gros homme blĂȘmi..
Se renfrognant il regarda ses conseillers, dont les visages devinrent encore plus impassible qu’avant.
Benkana se redressa et croisa les mains devant son menton, attentive, nâosant y croire! Se pourrait-il que lâĂ©vocation des anciens Dieux de cette communautĂ© suffise ..?
Le chef baissa les yeux, les joues encore plus flasques quâauparavant, et ouvrit un petit tiroir devant lui pour en sortir un gros cigare quâil huma, dĂ©calotta et alluma tranquillement. Dâune voix presque inaudible il prononça plusieurs mots, le visage perdu dans les nappes de l’Ă©pais brouillard de son concentrĂ© de tabac.
Benkana nâen revenait pas.
AprĂšs avoir effectuĂ© les salutations et remerciements dâusage tropicalien, Azala raccompagna la Commandante et ses lieutenants.
âAlors.. Satisfaite?â demanda la Princesse dans un sourire, le regard en coin vers sa maitresse.
Benkana acquiesça, nâosant pousser plus loin sa dĂ©faite avec la question qui lui brulait les lĂšvres.. DâoĂč connaissait-elle si bien la culture des Tropicaliens.?
-Cela fait partie du programme standard dâĂ©ducation dâune Princesse de MaterOne trĂšs chĂšre..!â
Elle esquissa Ă son tour un sourire: elle Ă©tait donc si transparente pour sa jeune et jolie compagne ?
Pendant un instant, un rĂ©pit apaisa son Ăąme.. Un instant oĂč lâamour reprenait sa place principale..
Un instant seulement..
Puis, sâadressant Ă ses soldats dispersĂ©s tout autour de la rue, la Commandante du Transporteur n°7 leur indiqua la prochaine Ă©tape de leur chasse Ă lâhomme: le quartier Nordiste.
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