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JfHill dĂ©ambulait entre les tables dĂ©bordantes de nourritures et d’apĂ©ritifs, suivant, d’un air dĂ©goutĂ©, une grosse dame, engoncĂ©e tel un pourceau dans une robe trop serrĂ©e, s’empiffrant d’un “homard tacheté” des iles de MaterOne.
Lui-mĂŞme ne se contentait que de quelques fruits – difficilement- trouvĂ©s dans un panier bordant une table et tout ce gaspillage de nourriture le rĂ©voltait! Lui, le rĂ©volutionnaire ascĂ©tique bourreau de travail qui avait vĂ©cu tant d’annĂ©es de clandestinitĂ©s dans la montagne en ne mangeant parfois que des racines..!!
Ce qui le dĂ©cevait le plus c’Ă©tait de voir un tel nombre de personnalitĂ©s, qu’il avait parfois connu, se comporter comme les nobles corrompus et boulimiques de l’ancien rĂ©gime. Si certains officiers ou intellectuels faisaient montre de retenue, tel n’Ă©tait pas le cas de la majoritĂ©, et il avait mĂŞme reconnu certains combattants de la rĂ©volution boire ensembles, directement au goulot, un magnum de Blogrilla les mains sous la jupe d’une mĂŞme femme…
Quelques fumeurs s’Ă©taient regroupĂ©s auprès d’une esquisse de salon montĂ© Ă la hâte dans un coin de hangar, et JFHill se dit que les droguĂ©s du cigare valaient au moins aussi bien que ceux de la dĂ©bauche!
S’installant dans un canapé, il se roula avec dextérité une de ses cigarettes fétiches, emplie de tabac à pipe et de chichua, une herbe chamanique que l’on trouvait dans les montagnes où il avait fait de la résistance.. Il claqua une allumette contre son talon, sous l’oeil amusé de quelques voisin, et aspira la douce fumée calmante, laissant le charme agir..
Il se sentait bien seul..
Benkana avait tenu à raccompagner la princesse Azala à son transporteur et Arlington avait prétexté quelque avarie de voilure pour ne pas assister à la cérémonie.
Pas bĂŞte le coup des avaries de voilure, il aurait dĂ» y penser lui-mĂŞme..
“Mais c’est de la sorcellerie! Comment pouvez-vous gagner à chaque partie quel que soit votre challenger?!”
Une voix forte le sorti de sa torpeur, il se retourna sur sa droite et vit de dos un inconnu se lever d’une table. Sous cet angle de vue il ne pouvait ni deviner le jeu, ni reconnaitre l’adversaire..
“Non personne ne pourra vous battre! Vous ĂŞtes bien trop fort Colonel Sterling Price!” Et sur ces mots, l’homme poussa sa chaise et s’Ă©loigna en grognant, libĂ©rant les regards des deux colonels qui se retrouvèrent, l’un et l’autre, face Ă face.
Le temps suspendit son vol, et les convives autour d’eux semblèrent se mouvoir au ralenti, tels de vieux films à la bobine usée..
Sterling Price et lui savaient tous deux que ce moment devrait arriver tôt ou tard, que les réunions du Conseil des commandants ne permettraient jamais de crever l’abcès.
Un contentieux trainait entre eux, une rivalitĂ© sourde mais, fort heureusement, assumĂ©e des deux cotĂ©s…
Parmi les grandes batailles dĂ©cisives de la RĂ©volution, une des plus spectaculaire fut celle des Monts Atos, oĂą les deux colonels s’étaient affrontĂ©s plusieurs jours sur une zone de quelques kilomètres de long, dirigeant chacun une armĂ©e. JFHill avait gagnĂ©, ouvrant la route vers la capitale…
Prenant son inspiration, JFHill se leva et prit la place de l’adversaire malheureux de Sterling Price.
Sur la table se trouvait un échiquier dont les pièces étaient si patinées que l’on avait des doutes sur la couleur de certaines.. Le socle en lui-même était composé de trois sortes de bois différents, finement ciselés, mais les années étaient également passées par là et des craquelures zébraient le pourtour tandis que certaines cases semblaient creusées par le passage des pièces.. Les armoiries gravées sur le coté étaient, elles aussi, à moitié effacées.
“ C’est votre échiquier personnel n’est-ce pas Conte? “
Le Colonel Sterling Price était Conte sous l’ancien régime, d’une ancienne noble famille de MaterOne. Il avait perdu beaucoup durant la révolution Castiks..
“ Il a appartenu à un aïeul il y a plus de 200 ans Hill” Répondit le Conte. “ Mais il fonctionne encore remarquablement bien! Voulez-vous m’accorder une partie?” demanda-t-il en esquissant un sourire humble..
JFHill parti d’un grand rire: “ Mais bien sur mon vieil ennemi, cela faisait longtemps que nous avions laissé tous deux ce duel en suspens, l’Exode va nous donner exactement le temps dont nous avions besoin! Hahahaha!!”
Les pièces remisent en place, la partie put débuter..
Bien après la fin de la cérémonie du départ, la soirée finit sur un mat de JFHill, ce qui était honorable vu que seuls les deux rois étaient restés en lice..
Mais depuis déjà plusieurs heures, Sterling Price et JFHill partageaient les mêmes alcools et les mêmes sourires..
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