Red Universe Tome 1 Chapitre 4 Episode 14

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Vu de l’extĂ©rieur, et malgrĂ© les parasites inhĂ©rents au voyage de la Transition hyper-spatiale, la scène Ă©tait inĂ©dite, ahurissante voire dĂ©mesurĂ©e..

Un Transporteur, ce gigantesque vaisseau capable de déplacer dans les méandres de l’Espace un demi-million d’âmes durant plusieurs années, défilant au travers des anneaux dimensionnels de la Transition, amarré à un second Transporteur identique, synchronisé sur la même fréquence de voyage, partageant de fait le même champ hyper spatial.

Ajoutez à cela les quelques croiseurs légers pirates rescapés du combat toujours liés au premier Transporteur par le cordon ombilicale des passerelles d’abordages et les chasseurs lourds de l’Exode terminant leurs rondes le long des coques rapprochées des deux vaisseaux après avoir détruit les multiples chasseurs assaillants.

Jamais de mémoire de marin de l’espace on n’avait vu une telle scène, certains ayant même prédît que ce genre de chose était un suicide technologiquement impossible..

Et pourtant..

JFHill se tenait aux cotés du Baron Basavetch, lui tenant sa main glacée. Il ne le connaissait pas spécialement, même s’il avait pu déjà croiser le verbe lors de certains Conseils des Commandants, mais la scène de désolation de ces couloirs, de ces corridors et de ces pièces, l’état de souffrance des mutilés, cachants dans leurs misères des blessures aussi affligeantes que le nombre de victimes de tous bords éparpillés à perte de vue, donnait au Colonel la mesure de la rage et de l’enfer qui avait sévit ici.

Se noyant dans son sang, une partie de ses intestins flottant sur des gargouillis de chairs ouvertes, Basavetch conservait ce regard de noblesse que JFHill avait appris Ă  respecter chez certains de ses ennemis du temps de la RĂ©volution.

Pas de mots, rien que des regards, Basavetch souffrait, mais cela lui semblait secondaire: ses traits exprimaient un soulagement, une foie fataliste dans la destinée qu’il reportait visiblement sur JFHill.

Tandis que les hommes du Colonel réduisaient les dernières poches de résistance pirates prises en tenaille au travers du vaisseau, d’autres prenaient le contrôle des croiseurs légers, occupés par une poignée d’opérateurs pirates peu préparés à affronter des commandos sur-armés.

Le dernier regard du Baron fut pour les Exodés rescapés de la bataille, ces hommes et ces femmes hagards, effondrés par la violence et la haine du combat qu’ils venaient de livrer et qui, telle la marée refluant, ne laissait derrière elle que rochers nus et sables humides..

D’une main, JFHill lui ferma les yeux et récita en lui ces mots qu’il avait si souvent prononcé lors de la Révolution Castiks. Une prière muette, destinée à ce qu’il ne croyait pas mais qui pourtant les recevrait peut-être..

Déposant doucement le Baron sur le sol, il se releva puis se retourna vers le terrible Sénéchal, responsable de tout ce carnage par son orgueil et sa cupidité..

Celui-ci n’avait pas beaucoup bougé, tenant toujours sa hache et son couteau géant dans les mains, le regard nerveux, en attitude de fauve prêt à bondir sur les multiples dangers qui l’entouraient! A distance de sécurité, plusieurs rangés d’Exodés le pointait de leurs armes, le doigt sur les gâchettes de la rédemption.

aucune demande ne lui avait été faite, la situation semblant imposer d’elle-même ses exigences: attendre sans bouger que JFHill s’occupe de son cas.

Ce qu’il fît.

Le Colonel s’arrêta à deux pas du géant, le regardant droit dans les yeux, la tête relevée..

Mais il ne disait rien il restait ainsi, le revolver dans un poing, sa canne sculptée dans l’autre, semblant vouloir laisser planer une étrange atmosphère.

Tout autour de la scène, des infirmiers, médecins et autres volontaires tentaient de séparer les morts des mourants, les mourants des blessés graves, les blessés graves des blessés légers. Une grande agitation régnait ainsi, faite de brancards, de cris, de perfusions, de courses et de râles..

Mais au milieu de ces opérations de secours, une bulle de calme tendu, un face à face pétrifié de silence où le chasseur était acculé et où le fauve tenait un revolver..

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