RedU T1 Ch18 Ep14

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La carte spatiale où figurait habituellement une partie de l’univers proche laissait apparaitre, cette fois, un schéma de la zone environnante. Trois gros points rouges, accompagnés de multiples informations, se tenaient immobiles au-dessus d’une masse équivalente, placée au centre de l’écran.

« Dans deux minutes, je veux une actualisation des rapports de pression des Compresseurs. L’équipe d’ingénieurs doit être capable de nous donner toute la ressource dont on aura besoin. Passez-leur le mot. »

Choupa, la pirate metteuse en scène de tout ceci, tentait de ne pas montrer à ses subordonnés combien elle pouvait être inquiète du déroulement de l’attaque. Elle avait joué l’ensemble ce qu’elle possédait dans cette opération ; il s’agissait de la plus grande attaque pirate jamais coordonnée de mémoire spatiale. Son précieux astéroïde, le cœur de son équipage, là d’où elle pouvait régner sans partage sur une zone jamais égalée, sa maison, était à découvert presque sans protection. Certes tous ses appareils étaient prêts à prendre l’envol si besoin, mais elle comptait garder cette carte en réserve pour le moment venu de l’estocade.

Cela faisait des mois qu’on testait, qu’on théorisait, qu’on reprenait les calculs. Les sommités de l’univers soit-disant connu de l’Homme méprisaient les connaissances et le savoir-faire pirate. Quelle erreur, quelle stupide erreur.

Cette communauté avait été la première à réellement s’adapter aux conditions de vie de ce coté-ci de la Passe de Magellone, à en maîtriser les aspects, à cohabiter autant que possible avec… tout ce qu’ils y avaient trouvé. Au-delà de la technologie de chimère du robot de Karl, les techniques d’assemblage en série de Compresseurs dimensionnels, héritage des connaissances que l’on avait du cercle de Khabit, avaient permis de déplacer l’astéroïde entier et tout son contenu au travers d’une Transition jamais vue. Et la réussite politique d’associer tous les clans dans un assaut général, en une attaque synchronisée, était également quelque chose de largement sous-estimé par MaterOne.

Son glorieux père cherchait à savoir ce que ceux de Khabit cachaient, il y avait trouvé la mort. Choupa s’était fait alors la promesse d’y retourner un jour pour se venger, et elle avait besoin pour cela du soutien de toutes les ressources humaines dans cette partie de l’univers. La chasse à l’Exode en était le point de départ.

« Aucune réaction des Transporteurs ? Où sont les derniers rapports? J’ai déjà demandé à les voir immédiatement, non ? »

Sur la carte holographique, les petits carrés jaunes s’approchaient de leurs cibles rouge. Pas un signe d’activité de l’Exode, tout se déroulait comme prévu.

Choupa se leva, s’approchant suffisamment du schéma pour en lire toutes les informations. Le second point jaune, commandé par le Sénéchal Petrovach l’intriguait. Certes, sa défaite contre le Transporteur n°2 avait sérieusement affaibli le redoutable chef pirate, mais pourquoi s’était-il laissé convaincre si aisément ? Il n’était pas connu pour sa volonté de coopération pourtant… Et pourquoi avait-il choisi expressément ce Transporteur là ?

L’arrivée d’un nouveau rapport l’interrompit. Elle en lut le contenu puis leva les yeux vers les représentations holographiques. Le premier point jaune était au contact.

On y était…

« Passez moi les chefs des groupes d’attaque ! »

*

Sterling Price s’approcha de son jeune informaticien. Celui-ci pianotait si vite sur le clavier de la console, que les mouvement de ses doigts en devenait invisible ; à croire qu’il écrivait du code aussi vite qu’il parlait.

«  Monsieur Tristo ? »

L’autre ne réagit pas, profondément concentré. Ce jeune homme sera une recrue de premier choix si l’on s’en sort, se dit à lui-même le colonel. Derrière lui, un grognement suivi de quelques bruits de câbles roulant sur le sol, puis plus rien. Évidement, tirer les conduites électriques des batteries des navettes de transport depuis le spatioport, à la base du transporteur, n’avait pas été une mince affaire, mais l’énergie contenue dans ces engins avait permis de réactiver une partie de l’appareillage électronique du vaisseau.

« Monsieur Tristo ? Je vous parle.

Hein ? Ha oui, s’cusez-moi. Je tente de reprendre le contrôle des communications. Ça va être coton, le virus paralyse en particulier les nœuds réseaux, c’est bien vu de leur part.

Mais ?

…Mais, heu.. disons que j’avais laissé quelques… flaques d’eau.

C’est-à-dire ? »

répondit Price dans un sourire. Toujours ce langage imagé de son subordonné.

Des routines actives du système que j’avais infecté depuis longtemps, avec des petites choses personnelles Et elles ne répondent qu’à moi. Elles ne sont à priori pas essentiels donc ont été ignorés par le virus, mais ce n’est que ce que je voulais… faire croire. Voilà.»

Sterling-Price ne broncha pas. L’informaticien venait de lui avouer qu’il avait parasité le système informatique de son Transporteur à un niveau profond, et ce bien avant toute notion d’attaque ou de quelque danger que ce soit. Une absence de réaction de son commandant sera donc la plus juste forme de félicitation des exploits du hacker.

J’espère que vous allez réussir Edmund, il me faut une communication avec les autres commandants, et vite. De mon coté, je vais tenter de vous donner le plus de temps possible.

Qu’est que vous voulez dire ? »

Un grincement métallique lointain lui répondit ; il remontait le long des parois du vaisseau, comme un rugissement étouffé du transporteur. On commença à s’affoler dans le centre de commandement et plusieurs opérateurs quittèrent leur poste pour se masser contre les grandes baies vitrées. Un subordonné, visiblement crispé, apporta au commandant un pad, contenant un nouveau rapport.

« Qu’on scelle les niveaux au-dessus et en-dessous de ces zones. N’hésitez pas à faire sautez des parois s’il le faut et que les civils se regroupent dans la cité intérieur, on pourra la défende… »

Il ajouta doucement, à l’attention du jeune informaticien, comme à lui-même :

« … un temps. Nous venons d’être éperonné, Monsieur Tristo, comme au bon vieux temps de la marine à voile. Et comme le convoi entier de l’Exode est sans aucune ressource, on nous traine maintenant vers l’astéroïde que vous voyez là-bas, où une meute de pirate s’apprêtent à nous tailler en pièce, directement sous leurs lasers de découpage.

Quoi ? Mais.. mais, on ne peut rien faire ? Combien de temps on a avant d’arriver là-bas et qu’ils nous attaquent ?

Qu’ils nous attaquent ? Mais vous pensez vraiment qu’il vont nous laisser nous préparer tranquillement ? Regardez ! »

Il lui tendit le pad, une photographie affichée en plein écran. On y voyait le large pan d’un mur déchiré par une sorte de point d’œuf ouverte en son centre et des ombres floues en sortir en courant, certaines se dirigeant vers le preneur d’image.

« Leurs troupes de choc sont déjà à bord. Cette photo a été prise il y a quelques secondes, juste après notre éperonnage. Ils vont devoir nous occuper, et si possible réduire à néant nos derniers espoirs avant que le gros de leurs camarades ne nous tombent dessus, là-bas ! »

Du doigt, il pointa le gros astéroïde, masse noire silencieuse au loin. Quoique, ne venait-elle pas de grossir depuis qu’il l’avait vu tout à l’heure ? Tristo s’efforça de respirer calmement, il riva ses yeux sur le clavier, les mains tremblantes. La panique guettait : il était prisonnier d’une coque de métal investie par des hordes de guerriers féroces et sans pitié. À quelques ponts de lui.

Le jeune garçon sentit alors son voisin l’aider à se redresser et lui tourner la tête vers son écran.

« Edmund, laissez moi cette guerre tactique, c’est mon métier et je sais y faire face, quelqu’en soient les obstacles. Mais le combat qui se livre derrière cet écran est celui qui nous sauvera ou nous anéantira. Moi je ne sais pas y aller mais, vous, vous y êtes né, c’est votre domaine, votre champ de bataille. Allez-y, mon garçon, et laissez-moi m’occuper du reste. Nous comptons sur vous, donnez le meilleur. »

Et il le laissa, s’en retournant décrocher un combiné pour édicter de nouvelles directives à quelques subordonnés.

C’était cela être un soldat ? Garder son sang-froid, quelle que soit la situation, et toujours préparer une contre-attaque ? Quoiqu’il en fut, le vieux bonhomme venait, par il ne savait quelle magie, de redonner de l’espoir à Edmund Tristo. Et celui-ci reprit le pianotage de son clavier, une vigueur nouvelle dans les doigts.

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Prod: PodShows
RĂ©a: Raoulito
Relecture: Arthur, Kwaam
narration: Elioza
Acteurs: Raoulito: Sterling Price
Tristan : Edmund tristo
Istria : Choupa
Compo: Ian, Cleptoporte
Montage: Raoulito

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