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PofĂ©us attendit encore quelques minutes, Ă©prouvant une très inhabituelle apprĂ©hension pour ce qui allait suivre. Un soupir lui Ă©chappa alors qu’il contemplait les cumulonimbus, ces gĂ©ants du ciel, s’accumuler au dessus de la capitale; le manteau grisâtre des nuages diminuait la lumière ambiante, attĂ©nuait les couleurs et on pouvait certainement ressentir dehors la montĂ©e de l’humiditĂ© ambiante. Une mĂ©tĂ©o terne pour un moment sans gloire. Ici, le grand bureau, et mĂŞme tout le bâtiment, Ă©tait bien climatisĂ© et…
Bon, assez ! Ce n’est pas un ennemi, ce n’est même pas un rendez-vous officiel, rien qu’un psychologue, pas de quoi en faire une montagne !? Ce matin, il avait été jusqu’à laisser la vie sauve à son mignon de la nuit ! Le garçon avait courageusement supporté tous ses assauts, allant jusqu’à simuler du plaisir, mais le Contre-Amiral, ne pensant qu’au rendez-vous du lendemain, était venu difficilement. Contre toute attente, il s’était surpris à éprouver un sentiment de tendresse envers lui, et l’avait laissé partir ainsi; charge aux hommes de garde de le supprimer par eux-même.
DĂ©jĂ les premières gouttes aurĂ©olaient parcimonieusement les carreaux de la haute fenĂŞtre, anticipant la violente averse Ă venir: l’opĂ©ration de Ralato de ce soir risquait de se dĂ©rouler sous la pluie… Bon, assez. Il traversa la grande pièce pour se rendre dans un petit salon adjacent, Ă l’ambiance plus feutrĂ©e. Normalement son interlocuteur devait dĂ©jĂ s’y trouver, il n’aurait qu’à s’asseoir, parler un peu, et, rapidement, on lui prĂ©senterait un bilan et quelque traitement Ă suivre. Rien que de très mĂ©dical en fin de compte, pas vraiment intime. Et puis, si ce praticien ne respectait pas son autoritĂ©, PofĂ©us pouvait s’imposer très facilement, voire l’écarter pour en choisir un autre. Il ouvrit la porte, pĂ©nĂ©tra dans la pièce, leva les yeux et se figea net.
Non… non cela ne serait pas possible : dans un des fauteuils du salon, se tenait assise les jambes croisĂ©es, dans un tailleur gris impeccable, une femme entre deux âges qui l’observait, un discret sourire de sociabilitĂ© aux lèvres. Il s’était renseignĂ©, on lui avait parlĂ© d’un des meilleurs praticien de la place, mais personne ne lui avait prĂ©cisĂ© qu’il devrait se confier Ă une… femme ?! La petite psychologue aux cheveux sombre, visiblement d’origine brune, se leva mais ne se dĂ©plaça pas pour l’accueillir.
“Monsieur le Ministre ? Calande Rorré, psychologue. Si vous êtes prêt, je vous propose de vous asseoir ici, face à la cheminée ? L’âtre diffuse une chaleur qui me semble propice à notre entretien.”
On avait allumĂ© la cheminĂ©e, il ne l’avait pas vu ainsi depuis longtemps et cela renforçait effectivement l’intimitĂ© des lieux, sans pour autant rĂ©soudre le problème ! Il se rapprocha du foyer pour y rĂ©chauffer ses mains qui n’Ă©taient pourtant pas spĂ©cialement froides. “ Madame Calande RorrĂ©, j’ai peur que vous ne vous soyez dĂ©placĂ©e pour rien. Vous n’êtes pas le… genre de professionnel auquel je m’attendais.
Ho, le fait que je sois une femme je suppose ? Je pensais que vous en Ă©tiez conscient ?
Je l’ignorais, notre contact n’a pas été direct.
Oui je vous avoue avoir Ă©tĂ© surprise de voir un agent du ministère venir prendre un rendez-vous, un second m’accueillir et me faire passer les portes, un troisième me conduire jusqu’ici. Tout cela pour garder le secret je suppose. ConsidĂ©rez-vous que ce qui vous a amenĂ© Ă faire appel Ă un praticien relève du secret d’état ?
En quelque sorte. Mais je ne m’avancerai pas plus. Vous devriez rentrer chez vous.
Bien sĂ»r, je vais y aller… Mais dites-moi, il commence Ă pleuvoir sĂ©rieusement ? Cela poserait-il un problème si je profitais un peu de ce lieu et de ce foyer, en attendant une Ă©claircie ?
Faite comme bon vous semble.” répondit le Contre-Amiral, immobile, debout devant la cheminée, observant la danse ininterrompue des flammes. Pourquoi ses propres mains lui semblaient si froides, en fait il avait froid tout court ?! Etait-ce un problème de circulation du sang, ou simplement tombait-il malade ?
“Hô non Amiral, je vous connais mieux que vous ne le pensez : un vieux pédophile ayant retourné trop sa veste pour croire à quelqu’idéal que ce soit. Un arriviste ayant la haute main sur la force armée la plus puissante de la planète : les Mentaux. Mais vous êtes infiltrés, votre pouvoir est rogné de dedans et de dehors.
Vous regretterez ces paroles.
Je vous connais Amiral, votre biographie est presque déjà dans la chronique nécrologique.
Maudit Heir ! Il n’avait pas besoin de cet arriviste qui profitait de la corruption du système, libéralisé à marche forcée depuis la Révolution.
“Bien sĂ»r Amiral, bien sĂ»r… RĂ©flĂ©chissez Ă mon offre, vous avez une semaine. PassĂ© ce dĂ©lai, je lâche mes chiens contre vous.
…Ministre ? Amiral, vous m’entendez ?
Quoi ?!” grogna Poféus se retournant sur un de ses gardes du corps qui se tenait un pas derrière lui. Depuis quand était-il là ?
Amiral, le secrétaire d’état à l’industrie désirerait un rendez-vous d’ici deux heures. Que dois-je lui répondre ?
Que veut-il ?”
Le garde jeta un œil à la femme assise dans le fauteuil. “ Il dit que c’est important Amiral, sans plus de précision.
Décalez ma visite au camps d’Atos, je le recevrai, rompez ! ” Et sans un mot supplémentaire, l’homme ressortit, fermant la porte aussi doucement que possible derrière lui.
Maudites pertes de rĂ©alitĂ©, s’imposant encore et toujours, n’importe quand ?! Il devrait consulter pour… Il se retourna, comme affolĂ© : elle Ă©tait toujours assise et ses yeux, si profonds, l’observaient toujours. Les rides aux coins de son sourire discret, signalait-elles qu’il s’agissait d’une mĂ©thode courante dans la pratique de sa profession ? Etait-elle en pleine analyse ou juste une femme profitant d’un salon luxueux et d’une bonne ambiance ? Que venait-elle exactement de voir ou de comprendre ? Il pouvait sentir son lĂ©ger parfum fruitĂ© tourner autour de lui, comme pour l’enserrer.
“Il… semble que mon emploi du temps s’éclaircit. DĂ©sirez-vous.. quelque thĂ© ou cafĂ© au lait ?
Je ne voudrais pas m’imposer Monsieur le Ministre. Mais j’accepterais volontiers une tasse de thé en vous tenant compagnie par exemple.
C’est que je… ne suis pas d’une compagnie très attrayante. Mes sujets de conversation sont exclusivement professionnels.
Vous savez, et je vous parle juste en tant que personne de passage en ces lieux, parfois aborder simplement des sujets frivoles sans rapport avec son quotidien, quelqu’il soit, cela revient à s’offrir une petite récréation. Je prendrais un thé au Jasmin, si possible, et vous, que prenez-vous?
Moi ? Mais je ne.. Un thé au jasmin également.”
Il sonna, passa la commande et vint naturellement s’asseoir sur le fauteuil face à la cheminée.
Production: Podshows
Ecriture & RĂ©alisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur R., Coupie, Quentinus15
Narration: Anna
Acteurs:
Pof (Poféus)
Coupie (Calande Rorré)
Richoult (garde)
Destrokhorne (Mr Heir)
Compo: Ian
Montage: Richoult
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