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Quarante-trois minutes de retard.
Jamais le contre-amiral ne s’était permis une telle libertĂ© dans son programme, et le lieutenant Ralato en concevait une impatience teintĂ©e d’inquiĂ©tude. Stuffy, devenu un habituĂ© de l’esprit de son hĂ´te, ne pouvait cacher son amusement.Â
« Papa est en retard, bébé pleure tout seul.
- Arrête cela. Tu sais parfaitement ce qu’il en est. Sait-il que nous savons ? Nous prépare-t-il quelque chose en douce ?
- Là , tu psychotes comme une jeune vierge à son premier rendez-vous. Je sens parfaitement combien tu es angoissé par sa réaction à ton rapport. Mais bon, j’insiste sur mon conseil : ne parle pas de la flotte en construction dans les chantiers spatiaux. Il peut être au courant, auquel cas il y viendra tout seul, sinon, gardons cette carte en main et poursuivons nos recherches discrètement.
- Je ne supporte pas l’idée qu’il ait pu me tenir à l’écart d’un truc de cette importance. Je pensais avoir toute sa confiance.
- Mouais… Je doute qu’il puisse même avoir confiance en son reflet dans le miroir le matin, Poféus est un… »
La clenche de la porte du petit salon tourna et Ralato eut l’immense surprise de voir une belle jeune femme en sortir, visiblement pressée. En tailleur strict, maquillée, parfumée, avec des joues légèrement empourprées, elle salua le lieutenant d’un hochement de tête puis s’en alla par l’entrée principale.
« Dites-moi que je rêve. L’amiral aurait…
- Non, c’est… une psychiatre. Ton chef se fait suivre on dirait. Par contre, elle prend du Boramol, impossible d’en savoir plus.
- Procédure d’exception, elle doit être considérée comme détentrice de secrets importants. Qu’il ait une maitresse ou une psychiatre, dans les deux cas, c’est aberrant. Je ne l’imagine pas…
- Tu ne l’imagines pas beaucoup, en fin de compte, ton cher Poféus. Ralato, est-ce que tu te rends compte de tout ce que l’on a effleuré ou découvert sur lui ces dernières semaines ? Son implication dans la révolution, et -peut-être- dans la mort du roi, le trafic de lithium et de nuage de miel, cette association avec les Souriants, ses contacts avec Monsieur Heir, la flotte de guerre en construction et maintenant cette psychiatre. Combien on parie que l’on est pas au bout de nos surprise ? »
Le ministre de la sécurité sorti à son tour du petit salon, fixa quelques secondes Ralato, ne s’attendant visiblement pas à le voir là , puis il referma doucement derrière lui, traversant le vaste bureau pour aller s’assoir dans son fauteuil. Le lieutenant se cabra dans un garde-à -vous, en attente de l’ordre de repos… qui ne vînt pas. Poféus compulsa quelques dossiers et parcouru des rapports, tout en ignorant cordialement son second. Après plusieurs minutes, il daigna enfin lui adresser la parole :
« J’ignorais que vous rentriez maintenant dans mon bureau sans y être invité, Lieutenant. Votre séjour sur Talbot vous aurait-il émoussé, au point d’en oublier quelques principes de base ?
- Le… notre rendez-vous, Monsieur. Je pensais le rapport de mission suffisamment important pour ne pas être différé.
- Ce n’est pas le cas. Je l’ai parcouru et il n’y a rien de particulièrement nouveau là -dedans. Je ne vous ai pas envoyé à la chasse au trafic de lithium mais à la poursuite d’assassins !
- Oui, Monsieur. »
Toujours au garde-à -vous, Ralato Ouli n’en revenait pas de la tournure de la conversation avec son chef.
« Apparemment, il n’aime pas quand on fouille dans le trafic de lithium. Ou alors madame la psy a ses règles ?
- Non, ce n’est pas son genre. Il ne s’attendait pas Ă ce qu’on la rencontre, c’est tout.Â
- Repos, Lieutenant. »
Un peu soulagé, le soldat se détendit. Croisant les bras dans le dos, il attendit la suite.
« Bien, je voudrais votre opinion quand au lien entre Monsieur Heir et la communauté Souriante ? Se peut-il que ce soit une branche extrémiste qui le soutienne et pas toute la communauté ?
- Je dirais toute la communauté. Chez les Souriants, il n’y a que des branches mortes qui peuvent s’éloigner de l’arbre. »
L’autre le regarda, soulevant un sourcil.
« Vous parlez comme un Souriant maintenant, Ouli. Admettons qu’il ait le soutien de toutes les Triades, et donc l’appui financier des conglomérats de Talbot, pourquoi cette déclaration de guerre en tuant nos hommes ?
- Il a parlé de quelque chose entre vous et lui, Monsieur.
- Et vous l’avez cru ? »
Cette fois, les yeux du contre-amiral le pointaient tel un laser. La question était clairement d’importance.
« Mon Ralato, c’est ton premier choix d’adolescent. Il est temps de montrer à papa que l’on s’émancipe.
- Tes sarcasmes n’amusent que toi, Stuffy. Oui, Monsieur. »
Cette fois le ministre de la sécurité accusa le coup. Un léger tressaillement, une petite crispation dans les doigts, un tic aux paupières, Stuffy avait raison : papa découvrait que son fils s’émancipait.
Il se leva doucement, et fit quelques pas vers la grande verrière, semblant se perdre dans la contemplation des hauteurs de la capitale. Au loin on pouvait apercevoir quelques formations d’oiseaux migrateurs volant vers le sud en ce début d’hiver. Bien que tout soit parfaitement climatisé dans l’immeuble, Ralato en eut un incompréhensible frisson.
« Félicitations pour votre efficacité au combat. Vous avez su faire preuve d’une intelligence et d’une… puissance qui n’est guère coutumière. Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec Fabio. »
Le lieutenant ne répondit pas. Inutile de préciser qu’au delà de l’existence d’une quelconque preuve, l’amiral sentait que son second lui cachait des choses. En l’occurrence Stuffy, mais également cette soudaine et incompréhensible explosion d’énergie qui l’avait transcendé lors de son affrontement contre Myan. Le message que son chef venait de lui délivrer disait ceci : chacun ses secrets.
Ralato enchaîna sur un autre pan du mystère.
« Cette allusion aux Mutualistes, de la part de notre agent sur place, m’intrigue également. Je pense qu’il y a des liens entre eux et sinon Heir, au moins la communauté Souriante ou quelques Triades.
- Il n’y a que des branches mortes qui peuvent s’éloigner de l’arbre, disiez-vous ?
- Certes, Monsieur.
- La priorité de nos services est centrée sur les Mutualistes qui tirent toujours plus la couverture à eux, malgré nos efforts. Poursuivez cette piste et signalez-moi toute avancée. Qui sait, peut-être avons-nous trouvé une brèche ?
- À vos ordres, Amiral.
- Dernières petites choses, Lieutenant… »
Le Contre-amiral Poféus se retourna et, chose rarissime, vînt faire face au jeune mental, ne s’arrêtant qu’à quelques centimètres de lui.
« Vous n’avez jamais vu personne sortir de ce salon, vous me laissez régler nos comptes avec Heir, et vous vous occupez de ce traître de Quartmac. J’espère que nous nous comprenons.
- Parfaitement, Monsieur.
- En fait, Papa est un parent moderne ! »
Répliqua malicieusement Stuffy alors que Ralato s’éloignait par le passage secret.
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Prod: PodShows
RĂ©a: Raoulito
Relecture: Arthur R, Icarion, Shino
Narration: Ian
RĂ´les:
Ralaro: Raoulito
Stuffy: Luciole
Poféus : Pof
Compo: Ian
Montage: Numa
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